Le mercure et la consommation de poissons
RAPPEL de NOTIONS
La consommation de poissons :
Les produits de la mer possèdent des qualités nutritionnelles précieuses et sont notamment des sources intéressantes de minéraux, comme le phosphore, d’oligo-éléments, comme l’iode, le zinc, le cuivre, le sélénium et le fluor, mais aussi, pour certains, d’acides gras d’oméga 3 dits « à longue chaîne » qui préviennent des maladies cardio-vasculaires et sont nécessaires au développement et au fonctionnement de la rétine, du cerveau et du système nerveux (2)
Le mercure : d’où vient le mercure présent dans la mer :
Il provient de sources naturelles: les gaz volcaniques et le dégazage de la croute terrestre et il provient de sources humaines (anthropiques) très variées : Le raffinage et la combustion des combustibles fossiles (d’après l’EPA, la seule production pétrolière annuelle des Etats-Unis peut émettre jusqu’à 10 000 tonnes de mercure par an dans l’environnement) les activités minières, surtout l’orpaillage*, les incinérateurs ,les processus industriels, le recyclage ….
Sa toxicité : peu toxique sous sa forme élémentaire Hg (il est très volatile) il devient toxique pour l’organisme en se transformant, sous certaines conditions du milieu, en méthylmercure (HgCH3 appelé aussi MeHg)
A haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’homme, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance. Cette substance peut ainsi provoquer des troubles comportementaux légers ou des retards de développement chez les enfants exposés in utero ou après la naissance, même en l’absence de signes toxiques chez la mère.
La consommation de poisson constitue la principale source d’exposition alimentaire de l’homme au méthylmercure. Le niveau de contamination des poissons varie selon les espèces. Il a tendance à être plus élevé chez celles qui se situent en haut de la chaîne alimentaire* (les grands prédateurs).(1)
L’OMS recommande de ne pas consommer de poissons contenant plus de 0,5mg de mercure par kilogramme ; aux Etats-Unis, la norme est de 0,3mg/kg. En France les seuil est identique pour les poissons courants mais relevé à 1mg/kg pour des » exceptions » (au nombre de 31 !!!) représentant des poissons de bout de chaîne alimentaire (souvent des poissons gras).
Conclusion : ce sont donc les jeunes enfants et les femmes enceintes qui sont les plus vulnérables au méthylmercure ; les espèces les plus contaminées : marlin, le requin, le thon rouge, le maquereau roi et l’espadon (3) mais elles varient selon les mers les milieux de pêche (profondeur….)…..
MAIS
(1) Au regard des bénéfices nutritionnels liés à la consommation de poissons (acides gras essentiels, protéines, vitamines, minéraux et oligoéléments), l’ANSES* recommande :
- de consommer du poisson deux fois par semaine dont les poissons gras (saumon, maquereau, sardine, anchois, truite fumée, hareng…) ;
- de diversifier les espèces de poissons consommées.
Pour les femmes enceintes et allaitantes et les enfants en bas âge (moins de 30 mois), l’Agence recommande de prendre des précautions particulières :
- éviter à titre de précaution de consommer les poissons les plus contaminés : requins, lamproies, espadons, marlins (proche de l’espadon) et sikis (variété de requin)
- limiter la consommation de poissons susceptibles d’être fortement contaminés (2) à 150 g par semaine pour les femmes enceintes et allaitantes et à 60 g par semaine pour les enfants de moins de 30 mois.
LA POSITION DE QUE CHOISIR OCÉAN INDIEN
la position de notre association est déterminée par plusieurs considérations :
- les teneurs en mercure dans les poissons réputés les plus » chargés » en mercure (en fin de chaîne alimentaire, les plus gros et ceux à croissance lente) sont très variables d’un océan à l’autre et même sur diverses parties d’un océan (référence : plusieurs publications scientifiques….).
- en France la plupart des publications, recherches et résultats concernent la France métropolitaine. Les textes que nous consultons font remarquer ( en 2006 : » Par ailleurs, aucune donnée de consommation n’est disponible pour la Réunion, notamment. » » En l’absence de données de contamination et de consommation alimentaire spécifique de la population réunionnaise, il n’est pas possible d’évaluer l’exposition de cette population au méthylmercure. Néanmoins, les fortes contaminations en méthylmercure des poissons prédateurs (espadons, marlins et sikis) observées sont à prendre en considération pour les populations sensibles. » Afsaa (4).
Qu’en est-il à la Réunion en 2020 ? - lorsque nous questionnons les services de l’État (DAAF Réunion : 3 courriers) sur leur connaissance de la situation réunionnaise actuelle nous n’avons aucune réponse précise. Soit le sujet n’est pas connu précisément soit il y a volonté de ne pas répondre mais alors pour quelle raison !!!
CONCLUSION
Il y a donc selon nous une forte probabilité de risque pour la population sensible réunionnaise (femmes enceintes et jeunes enfants) : il convient de mener des recherches sur les pratiques alimentaires réunionnaises en matière de consommation de poissons de fin de chaine (espadons, marlins, dorades,divers thons, ……) de déterminer régulièrement quels sont les poissons les plus contaminés et si besoin de saisir l’autorité (Anses : celle là même qui révèle ne pas connaître la situation réunionnaise) en charge d’effectuer des recommandations envers les populations concernées.
Cela ne dispense pas bien sûr d’opérer de même sur les poissons congelés d’importation.
Il nous semble important de ne pas privilégier, comme pour la leucose, des considérations économiques sur des questions de santé publique.
Références:
(1)https://www.anses.fr/fr/content/consommation-de-poissons-et-exposition-au-m%C3%A9thylmercure
(3)http://www.asef-asso.fr/production/mercure-peut-on-encore-consommer-du-poisson-la-synthese-de-lasef/?back=ok&filter=-1
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Avis saisine n°2006-SA-0003 du 6 juillet 2006*AVIS de l’Agence française de sécurité sanitaire des alimentsrelatif à la consommation des poissons prédateurs pélagiques, en particulier l’espadon, à la Réunion vis-à-vis du risque sanitaire lié au méthylmercure
*orpaillage : technique artisanale d’exploitation(souvent clandestine) de l’or dans les rivières en formant un amalgame or-mercure
*chaine alimentaire : une chaîne alimentaire est une suite d’êtres vivants dans laquelle chacun est mangé par celui qui le suit. Les petits poissons sont mangés par les moyens qui sont mangés par les gros (grands prédateurs).
*siki type de requin
*ANSES : agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’anvironnement et du travail
*AFSAA : agence française de sécurité sanitaire des aliments